Quelques témoignages de femmes ayant subit des violences et des discriminations sur le continent africain, ou luttant pour le respect des droits des femmes, pour mieux comprendre leurs maux, leur détresse, et leur combat…
Zanouba, soudanaise réfugiée au Tchad
Zanouba est réfugiée au Tchad pour fuir les persécutions du régime de Khartoum. Elle explique les conditions de vie des femmes dans le camp d’Iriba qui accueille environs 15 000 réfugiés: les guerres entre les différentes familles au sein des camps, la violence des hommes, les longues jounées des femmes qui sont souvent les seules à travailler, les marches interminables pour aller chercher du bois et de l’eau au cours desquelles les viols sont fréquents.
Madeleine Affité, présidente de la Maison des droits de l’Homme du Cameroun, revient sur la situation des femmes dans son pays, ainsi que sur les activités de son organisation dans ce domaine.
Rose Marie, infirmière au nord de l’Ouganda
A Gulu, au Nord Est de l’Ouganda, Rose Marie soigne les victimes du conflit qui oppose l’Armée de Résistance du Seigneur (un groupe armé rebelle) aux forces gouvernementales. Les garçons sont enrôlés comme soldats de Dieu, les filles les plus jolies offertes aux combattants, les autres abattues. Le dispensaire de Rose Marie accueille ces jeunes filles qui ont été kidnappées, violées, esclavagisées et tente de les aider à se réinsérer dans la société et à vivre après de telles souffrances. « Depuis tant d’années, sans jamais baisser les bras devant le cynisme épouvantable des pouvoirs, sans céder à la peur et aux menaces, Rose Marie s’applique à réparer des vies dévastées ».
Adak, veuve soudanaise, souffre des lois discriminatoires en vigueur dans son pays
Adak , soudanaise, raconte que lorsque son mari est décédé pendant la guerre, tout ce que le couple possédait lui a été retiré. « Selon les coutumes qui existent ici, lorsque le mari meurt, c’est le beau-frère qui hérite de tout et de la femme aussi. Cette loi familiale a été faite pour favoriser les hommes et considérer les femmes comme leur propriété, au même titre que le bétail. Donc les femmes n’ont aucun droit. Et ces lois sont reconnues jusque devant la Cour suprême. Les femmes ne sont pas des objets, mais des êtres humains. Je pense aussi que le changement doit passer par les lois et pas seulement par les mentalités. C’est au parlement de voter une loi spécifiant que les femmes ont des droits et ne sont pas la propriété de l’homme. Tout le monde devrait être traité avec équité devant la loi ».
Françoise, violée par des militaires en RDC – Cathy, membre de Solidarité des Associations Féminines pour les Droits de la Femme (SAFDF), une organisation congolaise qui lutte pour l’accès des femmes à la justice
Françoise, raconte les circonstances de son viol par des militaires en 2003… Cathy explique que la plupart des autorités sont des hommes et que pour eux les viols ne sont pas un réel problème. A son sens, « la majorité des hommes n’ont pas ces problèmes à cœur » et ne se sentent pas concernés tant qu’une femme de leur famille n’est pas victime d’un tel crime. Elle aborde les problèmes de la contamination des femmes violées par le virus du sida, de l’exclusion des victimes rejetées par leurs familles, de la prise en charge des enfants issus du viol et de l’impunité des auteurs de crimes sexuels. Pour palier à l’absence des femmes dans les services de police et de justice, et contrer les réticences des victimes agressées par des hommes à exposer leurs problèmes devant d’autres hommes, l’association de Cathy accompagne ces femmes pour « les rapprocher de la justice ».